Les Cafés de Grenoble pensent collectif

 

Certains acteurs de l'Économie Sociale et Solidaire, face à une trop grande fragilité économique (baisses de subventions, nouvelles logiques de financement par commande publique), sont amenés à se regrouper pour mutualiser leurs ressources et agir ensemble. Matthieu Hély, sociologue du travail associatif, avait abordé ce thème passionnant de la mutualisation dans une précédente interview : selon lui, se regrouper est la clé pour la survie du monde associatif. Nous vous proposons, dans la série «PENSER COLLECTIF», de partir à la rencontre d'expériences concrètes de groupements, initiées par des acteurs locaux. Dans l'épisode #1 cette semaine, nous partons rencontrer le Collectif des Cafés de Grenoble: une SCOP (société coopérative de production), le café-restaurant Voisin(e)s, et 4 associations, Le Café des enfants, l'Atypik, La Pirogue et Le Barathym.

 

Les prémices du projet, sous l'impulsion d'Alpes Solidaires

En 2016, Alpes Solidaires, dont l'une des missions est de créer du lien entre les acteurs de l'ESS, a proposé aux cafés-restaurants œuvrant dans ce champ de réfléchir ensemble au thème de la mutualisation. Au fil des réunions, ils ont pu partager leurs problématiques et identifier leurs difficultés communes. Très vite l'enthousiasme fût là. Mutualiser des ressources faisant vraiment sens pour les structures, le projet du collectif a peu à peu mûri autour des thèmes prioritaires : l'emploi partagé, la communication et les investissements en matériel.

 

Les premières actions collectives

La naissance du collectif s'est concrétisée par une première demande de subvention de 5000€ faite au nom des « Cafés de Grenoble ». L'octroi de cette aide a permis de répondre à leur besoin en supports de communication (logo, éco-cups, tabliers) et en matériel pour l’événementiel (barnum, crêpières). Grâce au soutien de Grenoble-Alpes Métropole, le collectif a pu couvrir son premier événement : La Fête des Tuiles.

 

Les bénéfices de la mutualisation

Les bénéfices issus du fait de se regrouper étaient évidents dès le départ pour les cinq structures du collectif. Étant chacune sur un service de proximité, à l'échelle d'un quartier, elles ne se sont jamais perçues comme concurrentes.

Aujourd'hui, l'apport du collectif est concrètement visible :

 

. couvrir plus d'événements

Grâce à a mutualisation du matériel et des capacités de production, les structures peuvent aujourd'hui répondre à des appels d'offres plus conséquents, là où chacune individuellement aurait été incapable de se positionner. Du fait aussi de la mutualisation des risques, elles peuvent ensemble se montrer plus audacieuses. Le collectif a par exemple cette année remporté l'appel d'offre pour le Forum des associations qui s'est tenu au Palais des Sports de Grenoble.

 

. partager et s'entraider

La mutualisation est aussi un bon moyen de sortir de l'isolement que peuvent vivre individuellement les structures, seules face à leurs doutes, questionnements et défis. Le collectif amène ainsi beaucoup d'énergie, un regard extérieur, de nouvelles idées, et permet de s'enrichir d'autres façons de faire. Et puis dans ce métier, l'entraide est précieuse : le prêt d'un percolateur en cas de panne, l'aide sur l'une des structures se retrouvant ponctuellement sans cuisinier... autant de façons de se donner un coup de pouce, d'être solidaires lorsque quelqu'un est en difficulté et que les autres ont les ressources disponibles pour le dépanner.

 

. gagner en visibilité et en diversité

La communication du collectif amène de fait à parler de chaque établissement, créant ainsi une dynamique vertueuse. Les membres sont aussi prescripteurs les uns des autres : si l'un des café-restaurants est sollicité sur une demande à titre individuel et ne peut y répondre, il va spontanément rediriger le demandeur vers les autres membres du collectif. Chacun s'ouvre ainsi à plus de diversité et à de nouvelles pistes de développements.

 

L'organisation en collectif

Le collectif des « Cafés de Grenoble » n'existe pas administrativement parlant. Son fonctionnement est simple. N'étant pas formalisé, il reste très souple.

Lors d'une réponse à un appel à projet, il définit une structure référente qui assure le lien avec le client. Cela nécessite ensuite de bien s'organiser, prévoir des réunions en amont et en aval, effectuer des comptes-rendus, se mettre d'accord sur la logistique : la répartition des tâches et des achats, le nombre de personnes présentes (bénévoles et salariés), puis en aval d'être rigoureux pour le suivi comptable.

Le collectif des Cafés de Grenoble utilise pour son organisation des outils ultra simples : réunions, compte-rendus, mails. Pas d'outils collaboratifs plus sophistiqués, la simplicité rime ici avec efficacité !

 

Les challenges du fonctionnement en collectif

Comme dans tout groupe, quel qu’il soit, il peut arriver qu'il y ait parfois quelques désaccords. La clé du collectif dans ce cas ? Communiquer, échanger, comprendre puis trouver le meilleur compromis pour chacun.

Autre défi du collectif : ne pas se laisser déborder par le quotidien pour trouver des moments de rencontre. Maintenir la dynamique n'est pas toujours aisé, les structures étant aussi préoccupées, à titre individuel par la question de leur pérennité économique. Mais l'union fait la force et le collectif peut aussi être un moyen de trouver des pistes d'actions face à ces difficultés.

 

Le collectif demain...

Le collectif des Cafés de Grenoble est ouvert à d'autres structures qui souhaiteraient se joindre au projet. Cette fin d'année va être l'occasion de faire un point à 3 ans du lancement : où en est chacun des membres et quelles sont ses envies pour l'an prochain ?

Dans les pistes de développements évoqués : l'accueil d'un stagiaire pour travailler sur la mesure de l'utilité sociale, la multiplication des supports de communication pour rendre le collectif plus visible, l'acquisition de matériel supplémentaire pour les événements. Et pour rêver encore un peu plus loin, une réflexion sur l'emploi partagé d'un.e cuisinier.e, et soyons fous, un jour peut-être...l'achat d'un food truck !

 

Merci aux témoignages du collectif sur cet exemple inspirant de mutualisation qui illustre très concrètement les nombreux bénéfices de la mise en commun de ressources. Souhaitons au Collectif des Cafés de Grenoble une bonne continuation et le succès de ses futurs projets !

 

Dans quinze jours, nous vous emmènerons, dans l'épisode #2, à la rencontre du collectif Bars parallèles.

 

A lire aussi :

PENSER COLLECTIF #2 : Le collectif Bars Parallèles

 

Nadège Bredoux pour Alpes Solidaires

 

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