cyclick

Cyclick est une association grenobloise qui réunit dix jeunes entre 20 et 30 ans autour de deux objectifs : installer des toilettes sèches dans l’espace public, mais aussi sensibiliser les politiques de la ville aux  dispositifs de compostage qui doivent y être associées.

Willy, jeune diplômé de l’école d’architecture est à l’origine de l’association. Nous l’avons interrogé sur les différentes étapes qui ont permis de lancer ce projet innovant !

 

 

Bonjour Willy. Pouvez-vous nous expliquer quand et comment est né ce projet ?

L’idée est née il y a 3 ans alors que j’étais étudiant en école d’architecture. J’avais choisi comme thème “La place des toilettes sèches dans l’espace public” car étant alors impliqué dans une association d’événementiels, j’avais noté qu’il y avait du potentiel dans ce domaine.

Comment est née ensuite l’association ?

En octobre 2019, j’ai lancé un appel à compétences pour créer un groupe de travail autour du projet. Cela a permis de constituer une équipe d’une quinzaine de personnes avec des compétences complémentaires en ingénierie, communication, commercial, artisanat, architecture...

Fin 2019 nous avons proposé l’idée au Budget Participatif de la ville de Grenoble, qui chaque année finance des projets d’habitants. Puis en janvier 2020, nous avons créé l’association.

Votre choix du vélo pour transporter les cabines est innovant. Qu’est-ce qui vous a décidé ?

Cette idée est venue au départ d’une volonté d’être zéro carbone sur toute la chaîne.

Quand nous avons initié le projet, nous avons été contactés par l'association DéBaRoule, aussi spécialisée dans les toilettes sèches. En échangeant avec eux sur différentes thématiques, nous avons rapidement identifié que le transport représente le coût principal. Cela nous a confortés dans notre choix d’utiliser le vélo plutôt que le camion pour les livraisons.. Qui plus est, le vélo permet d’accéder à des zones plus exiguës en ville.

 

Où en êtes-vous aujourd’hui dans les étapes du projet ?

Nous avons effectué nos premiers tests grâce à un prototype conçu à partir de matériel de récupération. Nous l’avons installé en ville pour recueillir les réactions des passants, ce qui nous a permis de valider qu’il y avait un réel engouement autour du projet.

Nous avons ensuite mis ce prototype à disposition sur un chantier urbain : la construction de la serre de l’association 1000 pousses, une ferme urbaine qui développe la culture de micro-pousses.

A présent, nous démarrons la phase de construction d’un nouveau prototype, cette fois-ci chiffrable en termes de coûts de fabrication, reproductible et conforme aux normes d’hygiène et de sécurité.

Nous avons remporté l’appel à projet de prototypage lancé par La Casemate, centre de culture scientifique à Grenoble. Cela nous permet d’y être en résidence jusqu’à fin mai 2021 et nous donne accès à leurs moyens d’accompagnement ainsi qu’au matériel de fabrication, même si pour l’instant, du fait de la crise sanitaire, nous ne pouvons y être à plein temps.

 

Comment avancez-vous sur le second volet, la sensibilisation des politiques publiques au compostage ?

Nous sommes en train de monter un comité de pilotage avec Gaïa, pour réunir au niveau de la Métro et de la Ville les interlocuteurs compétents sur les questions d'assainissement. C'est un travail de longue haleine mais qui avance petit à petit. Nous aimerions réunir ce comité d'ici janvier 2021. L’enjeu est de pouvoir créer une plateforme de compostage métropolitaine qui serait disponible pour les prestataires de toilettes sèches mais aussi pour les particuliers. Car aujourd'hui, ce maillon de la chaîne n'est pas pris en charge par le service public, au même titre que l'assainissement de l'eau par exemple.

Vous avez choisi d’initier votre projet via une association. Qu’est-ce qui vous a orienté vers l’Économie Sociale et Solidaire ?

Ce projet étant d'intérêt général, nous avions à cœur qu’il soit porté par des habitants, nous avons donc décidé de le présenter au départ au Budget Participatif. De là nous avons créé l’association, cela coulait de source.

Une fois que nous aurons vérifié la faisabilité de l’idée, nous pourrons alors créer une structure qui puisse porter le projet économiquement et permettre d’offrir une prestation de service.

Pour cela nous nous orienterons certainement vers une SCIC, Société Coopérative d’Intérêt Collectif. Ce statut de l’ESS semble le plus approprié pour travailler avec nos partenaires et les services publics.

Mais pour le moment, nous avons tous dans l'équipe un travail à côté. Notre objectif n’est pas d’en faire notre activité principale.

 

Quels sont les interlocuteurs qui vous accompagnent sur le projet ?

Gaïa, sur la création du comité de pilotage mais aussi dans nos réflexions quant aux solutions de financement, l'ACEISP (Accompagnement à la Création d'Emploi et à l'Insertion Sociale et Professionnelle) et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat sur la création et le montage du projet

Nous échangeons beaucoup avec La Métro, via les différents services concernés (assainissement, ESS...). La Métro va aussi nous apporter son soutien financier pour l'achat d'un vélo électrique ou d’un système de remorquage.

Enfin nous partageons nos bonnes pratiques avec les entreprises et les associations locales spécialisées dans les toilettes sèches, comme DéBaRoule. Même si ça reste un espace concurrentiel, nous avons tous envie de faire avancer les choses, et sommes donc dans une logique d’entraide. Il existe d’ailleurs le Réseau de l'Assainissement Écologique (RAE) qui organise chaque année le festival Les Intestinales qui nous permet d’échanger sur les bonnes pratiques.

Comment financez-vous le projet ?

Pour financer la construction du nouveau prototype, nous avons réalisé un financement participatif et fait des demandes de subventions. Grâce à l'appel à projet de la Casemate, nous bénéficions de matériel. A ce jour nous avons donc réuni les fonds suffisants pour construire le prototype, puis une première cabine, voire deux.

 

Diriez-vous que votre génération est plus audacieuse que les générations précédentes ? D’une certaine façon, oui. Comme dit le père d'un ami en parlant de notre génération : « Vous, si vous ne trouvez pas de sens dans votre travail, vous n’hésitez pas à démissionner pour en changer. »

Nous avons effectivement besoin de sens dans ce que nous faisons. Nous nous soucions de la planète et des gens qui l'habitent. Cela passe pour nous avant la sécurité d’un CDI.

Cette différence de générations, nous la voyons aussi dans la vision des toilettes sèches, notamment avec les personnes âgées. Beaucoup voient cela comme un retour en arrière. Notre enjeu est de montrer que ce que nous faisons est en réalité une avancée technique et sanitaire. Alors pour gagner la confiance des futurs utilisateurs, nous travaillons à proposer des cabines qui seront futuristes et esthétiques.

 

Pour conclure cette interview, qu'auriez-vous envie de dire à des personnes qui ont un projet en ESS, pour les aider à se lancer ?

Je leur dirais de parler de leur projet autour d’eux car c’est ainsi que de nombreuses solutions apparaissent. En le confrontant à la vision d'autres personnes, le projet s’enrichit de nouvelles idées que nous n’aurions pas eues seuls. Ensemble, on va plus loin !

Retrouvez les autres épisodes sur la Génération Y : . L'interview des Mijotées

. L'interview du Thé à coudre

. L'interview du Bouillon

 

Nadège Bredoux pour Alpes Solidaires

 

Biens et services associées

Structure associée

Alpesolidaires

6 rue Berthe de Boissieux
38000 Grenoble

Site web :

https://www.alpesolidaires.org

Email :

animation@alpesolidaires.org