Le 10 juin 1961 est marqué par l’ouverture du premier Planning familial en France, boulevard Gambetta à Grenoble. Aujourd’hui, ce centre et les sept autres présents sur le territoire isérois, ainsi que de nombreux autres partout en France, sont menacés de fermeture pour raisons financières.
Des finances mises à mal par de récentes décisions politiques
Le 8 mars 2025, 8 associations du Mouvement français pour le Planning familial, regroupant les Plannings de l’Isère (38), de l’Ille-et-Villaine (35), de Paris (75), de la Drôme (26), du Rhône (69), des Bouches-du-Rhône (13), du Vaucluse (84), et des Pyrénées-Atlantiques (64), partageaient un communiqué de presse commun pour dénoncer les récents changements politiques et financiers pesant sur les Centre de Santé Sexuelle (CSS). Réductions budgétaires de la part de l’État, obligation du versement de la prime Ségur par les associations, perte de financeurs…, autant de complications qui s’accumulent aujourd’hui jusqu’au point de mettre en danger les actions des Plannings mais aussi l’existence même de leurs CSS.
Grâce à l’extension de la Prime Ségur, les salariés à temps plein du secteur sanitaire, social et médico-social privé bénéficient dorénavant d’une prime mensuelle. Cette décision est rétroactive au 1er janvier 2024, cependant en l’absence de compensation financière par l’État, de nombreuses associations se trouvent dans l’incapacité de payer cette charge supplémentaire tout en continuant de financer leurs employés, leurs projets et leurs établissements. « Ce qui est terrible, c’est qu’on est pour cette prime Ségur, mais qu’on subit son effet pervers. [...] On n’a pas du tout la trésorerie suffisante. »1
Au-delà de cette prime que tous les Plannings doivent dorénavant verser, ceux-ci sont aussi victimes de baisses drastiques de subventions. Actuellement, 9 associations du Planning sont déjà concernées par ces baisses, dont une coupure totale des subventions dans les Pays de la Loire, une réduction de 10% dans le Loiret équivalent à une perte de 47 000€ et à la potentielle suppression de 2 postes, et une réduction de 20% dans la Drôme où le conseil départemental a décidé de fermer 7 des 12 CSS présents dans le département. Afin d’alerter sur la situation et lancer une campagne de dons, les différents Plannings de France ont publié le 16 juin 2025, sur leurs différents réseaux sociaux, des posts détaillant l'état de la situation. En Isère, le coût annuel de la masse salariale a augmenté de 200 000€, entraînant « le risque [...] de fermer une partie [des] sept centres de santé sexuelle alors qu’ils sont pleins toute l’année, avec des fréquentations importantes »2, mais aussi de licenciements économiques.
Soutenir les Plannings contre l’austérité
Le Planning familial n’est pas un service public et dépend donc des subventions de l’État et des collectivités qui représentent trois quarts de ses financements. C’est une association d’intérêt général, féministe et d’éducation populaire militant pour l’égalité femme/homme tout en offrant de l’aide et de l’éducation en matière de santé sexuelle et sexualités, de contraception, d’avortement et pour prévenir les maladies sexuellement transmissibles. Ses CSS garantissent l’accès aux soins, à la prévention et au dépistage, notamment pour les jeunes et les personnes les plus précaires. Ils sont un espace d’accueil pour repérer et accompagner les personnes exposées à des violences, qu’elles soient conjugales, sexuelles, ou intrafamiliales, mais aussi les garants d’un accès gratuit et confidentiel aux soins gynécologiques et à l’IVG. Le Planning familial comprend 82 associations sur tout le territoire français, et en 2024, 132 000 personnes se sont présentées dans l’une d’elles. La progressive fermeture des Plannings contribuerait encore davantage à l’extension des déserts médicaux, et à ce que des femmes, jeunes et personnes en besoin de conseils, auscultations ou dépistages soient dans l’impossibilité de trouver un suivi de proximité. « Ce qui nous fait peur surtout, c’est de perdre des endroits d’accueil pour les personnes qui viennent nous voir. Parce que, souvent, les personnes qui viennent nous voir sont des personnes qui sont éloignées du soin, qui n’iraient pas ailleurs »3. Cela impliquerait aussi la fragilisation de l’accès à la contraception, à l’avortement, à la prévention des IST et à l’éducation, augmentant le risque de coûts de soins qui auraient pu être évités grâce à de la prévention.
Aujourd’hui, ce sont donc tous les centres du Planning familial qui sont menacés à court ou long terme. Celui de l’Isère, par exemple, considère que sa trésorerie actuelle ne lui permettra de tenir que jusqu’en 2027. Les Plannings espèrent une prise de décision de l’État et des collectivités territoriales pour des compensations financières, et en attendant compte sur les dons pour assurer et continuer ses programmes, activités et garder ses centres ouverts. « Notre travail est indispensable. [...] Pour nous il n’est pas question aujourd’hui de fermer des services ou de réduire les horaires d’ouverture »4.
Car « où irons-nous quand les portes des Planning seront fermées ? »5, rendez-vous sur le site du Planning familial si vous souhaitez soutenir leurs projets et défendre leur capacité d’accueillir, d’informer et d’orienter les personnes sur leurs droits sexuels et reproductifs, mais aussi protéger le droit à la contraception et à l’avortement.
1 Léa Delahaye, chargée de communication du centre Isère, propos rapportés par Maire-Charlotte Perrier pour franceinfo
2 Idem
3 Laurette Lauff, Conseillère au Planning familial du Nord (France 3 Hauts-de-France)
4 Véronique Séhier, membre de Conseil d’administration de Planning familial du Nord (France 3 Hauts-de-France)